Et voilà, ça c’est fait : 15 jours de fouilles au Québec. Je ne vais pas tout vous décrire ici, j’ai fait suffisamment de photos, mais pourquoi pas vous « conter » une journée typique d’archéologue à Saint-Ignace ?
Tout d’abord, posons le cadre de vie : un magnifique lac, appelé « lac Taureau », au milieu des montagnes dans la région de la Matiwinie, à 2h30 de Montréal. Un chalet au bord de l’eau, avec barbecue, bateau, pédalo, barque etc. Voila pour les conditions de vie de l’équipe archéologique. L’histoire du site : un village abandonné pour la construction d’un barrage hydroélectrique en 1930, qui nécessite d’inonder la région pour relier tous les cours d’eau. Après l’inondation, le tronçon de terre qui reliait le village à la rive disparaît : le village déserté devient île, et la faune et la flore reprend le dessus (hummm, crapauds, corbeaux, araignées et autres bibites). La mission : retrouver le cimetière, désacralisé avant l’inondation – mais dont certains corps n’ont pu être exhumés par leurs familles trop pauvres – et après études des corps et objets retrouvés, réinhumation des corps dans le nouveau cimetière et création d’un musée local dans quelques années pourquoi pas.
Départ de Montréal le samedi 1er aout après avoir chargé la camionnette de tout l’équipement. Arrivée au chalet vers 14h, après-midi de repérage, d’occupation des lieux, de partage des 5 chambres et des 3 salles de bain. Courses des premiers jours : 2 kg de jambon, une dizaine de paquet de pain de mie, 2 pots de mayonnaise etc etc pour un total de 650$ pour 9, qui dureront environ 4 jours (c’est que ça a besoin de force un archéologue).
Début des hostilités dès le lendemain, dimanche 2 aout. Donc une journée typique commence à 6h00 tapante avec le réveil (difficile ? oh oui). Petit déjeuner complet pour tenir au moins 2-3h de pelle et pioche. Départ de la maison vers 7h15, marche en descente de 100 mètres pour rejoindre le bateau (facile le matin, mais bien difficile le soir quand on est crevé, et qu’on doit affronter dans l’autre sens une montée bien pentue alors qu’on a envie que d’une chose : une douche). Transfert du matériel sur le bateau. Tentatives (nombreuses) de démarrage, rares réussites du premier coup (et même panne complète les premiers jours et dérive du premier transfert hihi). 2 transferts pour emmener tout le monde sur l’île. Transfert du matériel dans le bois vers le site. Et début de la pelle, de la pioche, de la truelle et du pinceau pour les plus chanceux qui ont trouvé quelque chose d’intéressant. Pause barre tendre à 10h, pause déjeuner à midi, pause chocolat vers 15h, pause photos quand un petit crapaud s’invite sur le site. 17h, rangement du matériel, dernières photos et prises d’altitude, derniers dessins pour la journée. Transferts vers la maison, les premiers se dirigent tout de suite vers la douche, le préposé au dîner du soir commence à couper les légumes. Tout le monde arrivés à la maison vers 18h, un petit coke, une bière et/ou un verre de vin pour d’autres sur la terrasse, tout le monde douchés vers 19h30. Dîner vers 20h30, un repas différent tous les soirs, une personne de l’équipe différente en tant que chef cuistot chaque soir. On aura ainsi le droit en 15 jours à pâte carbonara, hamburger au barbecue, poulet rôti, couscous, pâté chinois (entendez : un hachis parmentier avec du maïs en plus), pâte sauce à la viande, omelette composé, brandade de poisson etc etc. Mon repas à moi : pour faire honneur aux Réunionais peu de temps auparavant, j’ai fait un rougai de saucisses, et plutôt réussi malgré le manque de certains ingrédients (épicés) en campagne. Et au dodo vers 21h30 pour les autres, rédaction du mémoire pour moi jusqu’à minuit.
Et oui dur dur, mais tellement bien. Et ce malgré la cinquantaine de piqures de bibites, et malgré ma réaction allergique qui a fait doublé de volume mon pied gauche. Malgré le coup de truelle sur mon front (merci Daïe 😉 ), qui déclencha un grand fou rire. Car de grands moments de rire, de grandes bouffes, et de belles découvertes (des nonos !!!! de vaches !!!! et d’humains surtout, même si pas un corps entier, juste les « restes » laissés involontairement par les exhumations. Une quinzine de fosse retrouvées. De belles poignées et décorations de cercueil, une médaille et un bouton de manchette pour ma part etc etc).
Bref une belle expérience canadienne. Triste de rentrer le vendredi 14 aout, même si bien brûlée (entendez = crevée). Heureusement, une dernière soirée bien sympa, avec hummmm marshmallow grillés sur feu de bois.
Donc merci à Fanny, Emmanuel, Émilie (Ay ay ay), Daïe, Marie-Eve, Carlos (Piu piu piu), Christian, et surtout Isabelle, mon professeur qui m’a permis de participer. Et à bientôt à tous j’espère.
Voili voilou bande de voyous. Et tout de suite, la suite !!!
